lundi 20 juin 2011

En différé de Cannes, la suite (The tree of life)


-          Terrence Malick est  le réalisateur le plus mystérieux au monde puisqu’il refuse toute exposition médiatique (il interdit qu’on le prenne en photo) et ne donne aucune explication quant à ses films. C’est aussi un réalisateur très lent car perfectionniste à l’extrême : « The Tree of Life » est son cinquième film en 38 ans de carrière. Attendu depuis des années, annoncé l’an dernier en compétition à Cannes, mais finalement présenté cette année à cause d’un très long montage, le film était l’événement de ce festival.
-          Et a été finalement autant hué qu’applaudi.
-          Malick n’a fait que cinq films, mais son style s’est bien radicalisé avec le temps. Ses longs-métrages, d’une densité et d’une complexité extrêmes, sont devenus de plus en plus ambitieux et exigeants. Avec « The Tree of Life », Malick rehausse encore la barre, et nous livre un film démesuré et majestueux. On peut déjà être certain qu’on ne verra rien de plus beau cette année au cinéma…
-          C’est vrai que le film est impressionnant visuellement, mais c’est bien tout : entre les citations de la Bible énoncées toutes les trois minutes, les questionnements métaphysiques d’une profondeur affligeante, ou encore l’interminable séquence numérique racontant la création du cosmos qui n’apporte absolument rien au film, ce dernier réalise l’exploit de s’enliser profondément dans un récit pourtant simpliste ! Et donne au spectateur l’envie de fuir au plus vite - ce dont certains ne se sont d’ailleurs pas privés pendant notre séance, partant avant même la fin de la première heure…
-          Mais qui d’autre que Malick aurait eu l’audace - ou la folie - de faire appel à la naissance de l’univers pour raconter une histoire qui serait en grande partie autobiographique ? Le voyage proposé par le réalisateur est d’une telle ampleur, ses images si somptueuses, sa méthode de montage si brillante que cet aspect mystico-religieux certes omniprésent ne devient qu’un détail complètement écrasé par le gigantisme du film. Malick compose ses films d’une manière unique demandant un très long travail. Sa caméra est toujours en mouvement, mais sans faire trembler l’image, tournant autour des personnages et captant une multitude de détails, invisibles dans les autres films, au point qu’on se demande quelle est la part d’improvisation à l’œuvre dans chaque plan. Malick s’offre en outre pour ses œuvres la meilleure musique qui soit, celle du répertoire classique, comme le faisait auparavant Stanley Kubrick.
-          La musique ? Des chants liturgiques ininterrompus, excepté parfois par quelques thèmes classiques d’une folle originalité… Non, mieux vaut l’oublier, comme le reste. Seule la photographie est remarquable, mais cela est loin d’être suffisant pour en faire un bon film ; en l’état, « The Tree of Life » n’est qu’une œuvre d’une prétention démesurée, et pourtant d’une naïveté confondante.
-          Cela l’empêchera-t-il d’être récompensé à Cannes ? La réponse a été donnée hier soir, pour vous qui lisez l’article aujourd’hui !

On retiendra…

Un style unique, une ambition folle, des images et un montage à la beauté ahurissante.

On oubliera…

La platitude des réflexions « métaphysiques », l’omniprésence de références bibliques, la naïveté de la trame principale du film, et en particulier de la scène finale.

A noter :
Pour une raison inconnue, le réalisateur s’est mis à accélérer son rythme de travail: son prochain film, « The Burial » a déjà été tourné.

« The Tree of Life » de Terrence Malik, avec Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn,…
Aux cinémas Utopia Toulouse, Gaumont Wilson, Gaumont Labège et UGC Toulouse.

Par Maroufle et Miltiade

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